Miroir, mon petit miroir, dit-moi à quoi je ressemble pour aider ces pauvres aveugles... euh... je ne devrais pas compter sur toi en fait, c'est ça? Alors je vais me décrire moi-même, ce sera plus rapide que d'attendre une quelconque réponse de ta part, surtout en sachant que tu n'es qu'un objet inanimé et dépourvu de pensé.

Je mesure environ 1m55 je crois, je suis mince mais j'ai des formes quand même. Mes hanches sont bien dessinées, ma poitrine pas encore très développée mais ça ne devrait pas tardé. Enfin j'espère... parce que rester avec du 85B, non merci. J'ai passé l'âge. Mon visage est fin et enfantin, mais je pense que je dois être plutôt mignonne pour qu'autant de personnes se retournes sur mon passage. J'ai de grands yeux violets et je ne pense pas avoir besoin de préciser qu'il s'agit de lentilles, mes yeux sont bleu en vrai. Mais je n'aime pas le bleu trop clair qui colore mes pupilles, on dirait presque qu'ils sont blanc. Et j'aime beaucoup le violet, donc j'ai décidé de porter ces jolies lentilles. Ca me vas bien non? En tout cas, moi ça me plait beaucoup! J'ai aussi un petit nez et une bouche minuscule mais que les lèvres pulpeuses rendent enclines aux baisers. Mon épaisse frange à tendance à me cacher les yeux, mais je la déplace toujours d'un mouvement de tête, une espèce de tic. Mes cheveux sont bruns et ça va bientôt faire 8 ans que je ne les aies pas coupés. C'est pour ça qu'ils m'arrivent aux chevilles. J'aime bien faire deux petites tresses sur les côtés auxquels j'attache un petit accessoire au bout, je trouve ça mignon. Et avec mes mèches rebelles, on dirait que j'ai constamment deux oreilles de chats. Miaaaaao~w!
Ma garde-robe est principalement composée de robes victoriennes parce que c'est un style que j'aime particulièrement, à cause de l'époque qui la mène. Mais comme les gens me regardent bizarrement quand je les portes, je préfère porter une longue veste rouge et blanche avec un énoooorme noeud blanc autour du cou. Le noeud est tellement grand qu'il ne s'arrête que lorsque mes hanches débutes! En dessous, je porte souvent une petite chemise blanche et une mini-jupe parce que je trouve que c'est confortable et que ça me permet de grands mouvements. J'adore mes hautes bottes blanches et noires parce qu'elles me grandissent d'environ 5cm et que vu ma petite taille, j'en ai bien besoin! J'ai aussi tendance à porter des gants, mais ce n'est pas parce que j'aurais une phobie en rapport avec les microbes, c'est juste parce que je n'aime pas mes ongles. Enfin, je dis ça, mais ils sont souvent vernis de rouge ou de blanc.

- Sensei, pourriez-vous noter sur une feuille ce que vous pensez de mon caractère s'il vous plait? Je ne peux pas le faire moi, je ne suis pas objective... et c'est pour mon inscription dans mon nouveau lycée... s'il vous plaiiiiiiiit!!
- Bien sûr! Assie-toi, je vais écrire ça.
- Merci beaucoup Sensei!
Il écrit la lettre avec serieux et lorsqu'il termine, je peux enfin rentrer. Plus tard, je m'installe sur mon bureau seule chez moi et entame la lecture de cette lettre. Voici ce qu'il a écrit:
« Ame Ayakashi est une jeune fille adorable, attentive en cours et très sensible. Elle est profondément touchée par les malheurs de ses camarades et essaies toujours de les aider à les résoudre, quitte à courir dans tous les sens. Elle ferait n'importe quoi pour ses amis, et je pense même qu'elle est un peu naïve et simplette. Il y a encore quelques jours, je l'ai vu tendre à une sempaï une feuille avec des formules écrites dessus. Je pense qu'elle a dû lui faire ses devoirs. Mais elle n'a rien reçu en échange à ce que j'ai pu constater. Il semblerait que certains de ces camarades la taquine beaucoup, mais je ne l'ai jamais vu se mettre en colère ou se vexer. Elle est vraiment très douce et très gentille. Un peu trop, comme j'ai du le préciser précédemment.
Ame est également très enfantine sur pas mal de point. Par exemple, elle est constament accompagnée par une peluche de lapin qu'elle garde précieusement dans son sac. Lorsqu'elle n'y est pas, c'est que la jeune fille est en train de la caliner en secret. Elle ne l'a cependant jamais fait en présence de quiconque il me semble. Il lui arrive d'avoir d'autres peluches dans son sac, mais celle-ci est la seule qui soit constante. En plus d'avoir la naïveté et la candeur des enfants, elle est également très transparente. Si elle est gênée, une jolie rougeur teindra immédiatement ses joues et si elle est triste, ses grands yeux se retrouves embués de larme. Dans ces cas-là, tout le monde essai de lui rendre le sourire. Car avoir Ame de bonne humeur est bien plus joyeux pour tout le monde. Elle est également très sociable et aborde souvent les gens qui l'entoure avec une insistance enfantine.
C'est vraiment le genre de jeune fille dont rêve tous les professeurs car elle se porte toujours volontaire pour les aidés. Elle rend ses devoirs dans les temps et a d'excellentes notes. Même si elle parle un peu en classe comme la plupart des élèves, elle reste quand même plus attentive aux cours que la moyenne et elle n'hésite pas à répondre si elle connait les réponses aux questions posés.
Je pense avoir tout dit sur Ame Ayakashi. Mais je pense que vous verrez bien vite par vous même si j'ai omis quelques détails. »

Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. Moi, naïve? Candide? Sensible? Et je suis douce en plus! Ah! Elle est trop drôle cette lettre!!
Alors c'est ainsi que les gens me voient? Et bien je vais immédiatement rédiger une lettre en réponse à mon professeur, que je ne vais bien évidement pas envoyer. Ce serait bien trop d'incohérence avec ses paroles! Et ça pourrait le choquer!

« Sensei, je ne suis pas du tout tel que vous m'avez décrite! Tout d'abord, je ne suis pas attentive en cours. Lorsque j'entends mon nom, je regarde le tableau et les autres élèves de ma classe. En général, je regarde les réponses notées par ma collègue de bureau sur son cahier parce que je n'ai aucune envie de réfléchir à vos calculs plus inutiles les uns que les autres! Et même si je donne l'impression d'écrire vos cours, ce sont en fait des lettres de menace que je donne ensuite à certains élèves pour qu'ils fassent mes devoirs et me donnes les tests pour que je puisse faire des pompes. Et vu que vous ne m'avez jamais attrapés, j'en déduis que je les aies parfaitement bien dissimulé!
Franchement, vous me croyez vraiment naïve, douce et candide? Mais quelle fille de 16 ans l'est?! Je suis bien assez maligne pour le voir lorsqu'on essaie de se servir de moi! Et quand c'est le cas, j'ai même tendance à me servir d'eux sans qu'ils s'en rendent compte! Je ne suis douce qu'en public! Regardez ma peluche, je suis obligé d'en acheter une nouvelle tous les soirs parce que je m'amuse à la déchirer pendant la journée! Ce n'est pas une peluche que "la jeune fille est en train de câliner en secret", mais des peluches que je torture en secret. Quant à votre phrase comme quoi je ne me suis jamais mise en colère, ça se voit que vous ne me connaissez pas. Je me suis déjà mise de nombreuse fois en colère, et mieux vaut ne pas être dans mon chemin quand c'est le cas!
Et pour ma sois-disant transparence, sachez qu'elle est calculée à 100% ! Lorsque vous me voyez rougir, c'est que je souhaite que vous le voyez. Et si je suis larmoyante, c'est que je désire quelque chose de vous.
Pffff... c'est pitoyable sensei. Soit c'est vous qui êtes extrêmement naïf, soit je suis un génie dans la manipulation. Dans les deux cas, vous êtes un idiot de vous être fait avoir si facilement par moi! »

Voilà, ça c'est ce que je devrais lui dire. Le problème, c'est que je ne le ferais pas car cela gacherais mon image. Alors je plie la lettre soigneusement. D'abord en deux, puis en quatre. Et je la déchire plusieurs fois. Finalement, je pénètre dans le salon et regarde les flammes de la cheminée bruler mon texte déchirés en petits morceaux.

C'était un froid jour d'hiver, il neigeait dans le sud de la France. Makoto Ayakashi était en voyage d'affaire depuis trois mois et il ne s'était toujours pas accoutumé au climat français. Il comptait bien retourné au Japon dès que son travail serait terminé, c'est-à-dire un an plus tard. Mais il l'ignorait encore. Même si les femmes le réconfortait la nuit, puisque monsieur était un incommensurable bourreau des coeurs, Makoto maudissait ce pays froid et où aucune valeur n'était respectée. S'il avait effectué le déplacement jusqu'en France, ce n'était que pour une seule chose: l'argent qu'un contrat avec une firme française pouvait lui apporter. Et oui, en plus d'être un don-juan mon père était un requin de la finance. Enfin, je dis était, mais il l'est toujours.
Mais revenons en à ce jour d'hiver. Nous étions en février et il faisait anormalement froid pour la saison, à plus forte raison dans le Sud où il ne neigeait que rarement. Makoto participait à une fête qui avait pour but de concilier son entreprise avec une autre. Fumeur invétéré, Makoto avait finis par sortir sur le balcon pour se détendre avec une cigarette. De l'autre côté du balcon se tenait Gabrielle Lettering, une belle jeune femme brune d'à peine 20 ans. Makoto ne résista pas longtemps à l'envie de séduire une si belle femme. Mais elle refusa ouvertement et fermement ses avances, affirmant qu'elle n'avait pas de temps à perdre avec un homme aussi volage. Cette remarque fit rire mon père qui, têtu de nature, se jura de la mettre dans son lit.
Trois mois passèrent sans qu'elle ne cède. Ce fut qu'après une vingtaine de dîners et de sorties qu'elle finit par accepter d'occuper son lit. Le lendemain cependant, elle avait disparu. D'ordinaire, c'était lui qui disparaissait en pleine nuit sans laisser un mot. Aussi fut-il vexer de se voir traiter ainsi. Il la rechercha mais en vain, elle avait bel et bien disparu.
Neuf mois plus tard, Makoto finit par pouvoir rentrer chez lui, au Japon. Alors qu'il allait prendre son avion, il remarqua une jeune femme tenant dans ses bras un petit nourrisson. Il reconnu immédiatement Gabrielle. Il couru vers elle pour lui demander des explications sur sa fuite. Elle lui avoua n'avoir pas voulu souffrir en restant avec lui. Mais elle était tombée enceinte cette nuit là, chose qu'elle n'avait nullement prévu. Elle lui montra le bébé qui ressemblait autant à son père qu'à sa mère. Dans un premier temps, son esprit ne parvint pas à assimiler cette découverte. Puis ce fut comme un éclair et il recula avec un visage horrifié. Récupérant son sac, il s'enfuit dans son avion. Laissant là ma mère qui souriait tristement, les larmes roulant sur ses joues de porcelaine.

Ce bébé, vous vous en doutez, c'était moi. Mon père nous a ainsi abandonné. Mais ma mère a été courageuse. Elle m'a élevé avec fierté et force, sans jamais céder à la panique. J'ai appris à marcher et parler uniquement grâce à elle. Ma mère avait décidé de me prénommée Amelia comme sa défunte tante, mais elle me surnommait Ame ( Ame s'écrit あめ et se lit Amé, il signifie pluie en japonais ) qui traduisait le jour où elle avait annoncé mon existence. Je vivais sans père, mais comment regretter quelque chose que l'on n'a pas connus à deux ans? Mais il n'allait pas rester silencieux pour toujours.
Je venais d'avoir trois ans et ma mère venait me déposer pour mon premier jour à la maternelle. Devant la grille de l'école, mon père nous attendait. Ma mère l'a immédiatement reconnus et lui aussi. Il s'est approché de nous et m'a tendu une sucrerie avec le sourire. Innocente enfant, je l'ai pris et l'ai dévoré sans me soucier de celui qui me l'avait donné. Mais j'ai rapidement sentit la tension chez ma mère. Les enfants ressentent le stress, la peine et la colère chez les adultes. Ressentir de tels émotions chez ma mère d'ordinaire si calme m'a fait pleurer. Pendant qu'elle essayait de me calmer, elle a retrouvé son propre calme. Ca m'a appaisée.
Il nous a emmené dans un restaurant pour discuter. La conversation a duré plus de deux heures complètes durant lesquels il tentait de la convaincre de venir au Japon avec lui afin de m'élever. Mais elle était têtue aussi et elle a continué à refuser.
Il nous a harcelé pendant une année entière, et c'est finalement là qu'elle a cédée.

Nous sommes partis au Japon l'année de mes quatre ans. Ma mère et moi étions extrêmement perturbé au début, nous ne parlions pas la langue. Nous avons appris au fur et à mesure, mais je n'ai pas pu aller à l'école comme tout le monde. J'ai eu des précepteurs jusqu'à mes 11 ans qui tentaient de me faire rattraper le retard que j'avais et combler mes lacunes. Je reconnais qu'ils ont réussi. Mais, j'ai vécu une existence solitaire. Il n'y avait aucun enfant dans le voisinage et encore moins dans la famille de mon père sachant que lui et ses parents étaient tous enfants uniques. A cause de l'influence de mon père, lorsque je parvenais par miracle à croiser un enfant je le traitais avec cruauté.
Un jour, mes parents l'apprirent et me firent la leçon. Mais chacun à sa manière. Ma mère m'affirma que c'était mal et me punis pour l'avoir fait, mon père en revanche m'appris à être subtile dans mes actes pour ne pas me faire attraper. C'est de là qu'est venu mon caractère. Car non seulement j'avais "hérité" du caractère horrible de mon père qui était manipulateur et sournois, mais j'ai même approfondis ce côté de moi et me suis servi du caractère doux et sensible de ma mère pour le côté visible de ma vie. Ainsi, je serais une petite fille douce et tranquille quand mentalement je chercherais à obtenir tout ce que je n'ai pas. C'est ainsi que j'ai vécu pendant des années, manipulant à ma guise tous ceux qui m'entouraient. Et personne ne s'est jamais rendu compte de ce que j'était. Enfin, si on exclus ceux à qui j'ai ouvertement dévoilé mon caractère.
Au collège, j'ai perfectionné mes petits stratagème. J'avais quelques "amis", mais tous ignoraient mon véritable moi. Et je me servais des élèves les plus intelligent du collège pour faire mes devoirs tandis que je manipulais les plus rebelles pour avoir les sujets des tests. Contrairement à ce que vous pourriez imaginer, je suis quand même assez intelligente pour parvenir à me mêler des affaires de mon père sans problème. Plusieurs fois, je me suis occupée seule d'actionnaires ou d'autres associés ainsi que de clients. Je n'ai pas spécialement besoin de tricher à l'école, c'est juste que je n'ai aucune envie de réfléchir.
Il y a quelques mois, mes parents se sont violemment disputé à mon sujet. Je ne sais pas de quoi il en retournais exactement, mais mon père était furieux devant le calme apparent de ma mère. Mais je la connais et je sais qu'elle n'éprouvait pas du tout ce qu'elle essayait de faire croire. Suite à cette dispute, ma mère et moi sommes retournés en France, dans sa famille.

Depuis, je n'ai plus revu mon père. Je sais qu'il appel régulièrement, mais ni moi ni ma mère ne répondons à ses coups de fil. Je ne sais pas pourquoi il ne vient pas, il en a pourtant les moyens. Je suppose qu'il a dû passé un contrat avec ma mère ou que ses affaires le retienne au Japon.
Avec notre retour en France, il a fallu me trouver un lycée qui accepterait une inscription aussi tardive. Nos recherches nous ont conduis à Seikoïko où j'ai pu être inscrite.

C'est donc cette année que je reprends ma vie française que j'ai quitté, enfant. Je compte bien mettre à profits ces années pour me faire de nouveaux larbins.
Seras-tu le prochain?